PRODUCTION  LAB-LABANQUE (BÉTHUNE)

 

 

Des milliers de pièces en métal sont posées sur une table : des lettres, des signes typographiques, de chiffres.

 

Parfois les éléments métalliques se mettent en mouvement. La technique qui les anime est invisible, les pièces métalliques semblent se déplacer de leur propre chef.

Les déplacements sont aléatoires.

Des chaînes de caractères se forment mais aucun mot connu n’émerge de ces rencontres, ou alors par pur hasard. Très vite les chaînes ainsi constituées sont entraînées par de nouveaux mouvements, vers de nouveaux agencements.

Les caractères tourbillonnent, se croisent, se repoussent, s’attirent. Ils tracent des lignes, se regroupent, un dessin semble se créer, celui d’un plan d’une ville imaginaire, d’une carte météorologique, d’un réseau téléphonique, ou d’une vue microscopique.

 

Le sens a l’air d’être définitivement perdu, ne reste que la circulation frénétique.

 

Dans les voyages de Gulliver, Jonathan Swift dépeint un professeur de la grande académie de Lagado qui essaie de créer une liste complète de toutes les connaissances scientifiques en faisant générer en permanence par ses étudiants des chaînes de lettres aléatoires en tournant des manivelles sur un mécanisme.

 

La circulation des éléments en métal crée un effet sonore, cliquetis, rumeur, pluie métallique.

 

Le métal en mouvement dépose des traces sur la table, doucement la surface est marquée, gravée.