Tonographes et Tonographies

COMMUNAUTÉ D'AGGLOMÉRATION DE DUNKERQUE / SECONDE NATURE, AIX-EN PROVENCE

 

Nous traversons la Communauté Urbaine de Dunkerque et de Marseille, nous y faisons des rencontres. Nous récoltons des témoignages sonores.

 

Nous évoquons avec chaque personne des voyages, des allers-retours des moments qui sont un tournant de leur vie. Nous leur demandons de se remémorer, de revenir sur leur pas, de refaire les périples.

Une bande sonore unique est créée à partir des histoires recueillies.

Toute cette matière recueillie s’enchevêtre et se matérialise sous l’espèce de machines ou d’appareils (Les Tournants). Le documentaire s’inscrit dans l’espace et dans un temps en mouvement.

 

TONOGRAPHE

Un plateau sur lequel repose une feuille de papier quadrillée vierge effectue un mouvement de gauche à droite. Au dessus, un bras se déplace perpendiculairement au plateau.

Cinq aiguilles sont fixées à l’élément surplombant. Elles descendent, piquent, se lèvent tour à tour, et selon des rythmes différents, percent la surface de papier de milliers de trous de quelques millimètres de diamètre. Les paroles émises dans l’installation «Les Tournants» ont été traduites en code binaire. Ce code commande l’impulsion des aiguilles. Il est l’empreinte d’une voix, d’un récit. Lentement les aiguilles marquent la surface du papier. Elles donnent à voir des séquences parlées et rendent visibles des signaux acoustiques (des amplitudes, des attaques, une enveloppe sonore, des fréquences, des phonèmes, des consonnes). Dans le même temps, elles vident le papier d’une partie de sa matière. Il faut approximativement six heures à l’appareil pour graver une séquence entière. Le spectateur n’assiste qu’à une part de ce long travail. Doucement, le papier se fragilise, devient dentelle.

 

 

TONOGRAPHIES RETROECLAIREES

Des cartes géographiques de Dunkerque et de Marseille ont été préalablement gravées et placées sur une surface lumineuse. Les trous percés de part en part laissent passer de la lumière. L’intensité lumineuse varie dans le temps, évoque le rythme de paroles.

Le code parle, le papier respire. Le code percé : un univers de points lumineux qui transforme les cartes. Comme les personnes rencontrées, comme les parcours qu’ils ont décrits, l’oeuvre est en permanente mutation : une surface perforée à la fois plane et profonde, organique et architecturale, calme et violente. Il est possible que le spectateur ait sa perception troublée, perturbée. La vision du motif crée par les aiguilles varie selon la place occupée face aux tableaux. La vision de droite sera différente de celle de face ou de celle gauche. De loin on ne voit pas la même chose que de près.

Parfois le spectateur se trouve devant une simple surface de papier percé, puis le code lumineux littéralement surgit de l’autre côté du papier, de là bas. Mais, comme il surgit dans l’élément de l’éclat, nul ne peut dire où se trouve exactement ce là bas. La surface de papier est un écrin de lumière. Chaque obscurité est volume rempli de mémoire.